La déontologie des médias face au pouvoir de l’argent : le cas d’Haïti et de la France

Par Pierre Manigat Junior dans AlterPresse le 5 juin 2012

Si on peut marquer, par trop de rigueur académique, les limites de cet ouvrage de Wisnique Panier – cette analyse comparée du fonctionnement des médias des systèmes communicationnels français et haïtien à travers leurs enjeux économiques, leur cadre légal et institutionnel, on ne saurait, toutefois, nier l’originalité, l’ambition de l’œuvre.

« La déontologie des médias face au pouvoir de l’argent : le cas d’Haïti et de la France » soutient, au départ, une gageure ; celle d’analyser deux systèmes communicationnels, l’un privé/public et l’autre hybride, selon la classification proposée par Judith LAZAR.

Ce livre, somme toute, aura la vertu d’aborder des sujets, des thèmes tabous sur lesquels on fait silence, pour une raison ou pour une autre, dans cette Haïti qui, marquée par un bâillonnement séculaire de la presse, cherche dangereusement sa voie dans une certaine déraison du verbe ou de l’expression.

Il aura, peut-être, la vertu de lancer des débats, au niveau de l’Etat, vers la définition d’une politique en matière de communication et, par voie de conséquence, d’un système communicationnel en Haïti. Et, qui sait, vers la création d’institutions capables d’impulser les mécanismes « d’autorégulation » pouvant dompter la tentation scélérate de certains gouvernements de l’après-86 de réduire la communication à une propagande politique plate et stérile et de domestiquer les médias.

Qu’il soit lu jusqu’à initier des débats nationaux pour que la liberté de presse cesse d’être comprise comme une « liberté d’épicerie », la liberté d’expression comme un « droit naturel de diffamer » ! Puisse-t-il, enfin, servir les institutions de communication, la correction des procédures de communication, la société haïtienne en quête de modernité !

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